Aux gentes dames de Bergerac
Vous aurez lu sans doute avec effroi, Dames de Bergerac, l’appel à la guerre relayé par notre gazette.
Passé ce moment d’affolement bien compréhensible en ces temps troublés, je vous invite à regarder cet évènement comme une chance.
Oui une chance, celle qui nous ait donnée à nous, dames de Bergerac, de prouver à nos époux, nos fiancés, et à tous les hommes du village, notre bravoure et notre soutien.
Dans les faits de guerre en effet, les nombreux récits évoquant des femmes qui comptent parmi les premières victimes de la guerre cachent les exemples, peut-être isolés, de la participation active d'épouses qui réunissent l'argent nécessaire à la libération de leur mari, d'espionnes, de messagères voire de résistantes.
Sans nier l'étendue des crimes dont les femmes sont victimes lors des conflits, il ne paraît pas inutile cependant d'insister sur un rôle un peu plus actif, et pas seulement pacificateur, des femmes dans la guerre.
Il semble bien que le contexte guerrier ne soit pas une cause d'enfermement supplémentaire pour les femmes. Au contraire, parfois, l'absence du mari leur permet d'assumer des responsabilités inhabituelles.
Prenez cet exemple : Guillot de Beaumont, dans la lettre de rémission qui lui est accordée, explique que lui « et ses compaignons eussent encontrez deux hommes et quatre femmes en la vallee d'entre Remecans et Les Crequies, les quelles femmes aloient pardevans les diz ennemis de Pois pour porter la raencon de leurs mariz qui la estoient prisonniers des diz ennemis »
Vous conviendrez alors avec moi des responsabilités endossées par ces femmes à l’égard de leurs tendres époux !
La guerre peut ainsi donner à certaines femmes des rôles auxquels elles n'étaient pas habituées et qui, loin de les enfermer dans la crainte et l'espace privé, les obligent à une présence publique renforcée.
On peut aussi rappeler que les femmes peuvent avoir un rôle dans les complots, au moins un rôle de transmission de l'information, en ce sens, les rôles des messagères et des espionnes se ressemblent. La majorité des combattants qui ont remarqué leur présence pensent qu'elles attirent moins l'attention que les messagers officiels.
Je vous demande donc, dames de Bergerac, de ne pas craindre la guerre qui se profile à l’horizon. Mettez au service du Royaume la force de caractère qui nous caractérise.
Soyons attentives aux besoins de nos époux, de nos fiancés, de nos frères. Tenons nous à leur disposition pour préparer cette éventualité. Et si cette guerre éclate, prenons en mains l’activité économique pour pouvoir soutenir nos armées.
Dames de Bergerac, ne restez pas dans l’ombre ! La solidarité et la force d’esprit sont les meilleures armes contre les ennemis de nos vaillants guerriers !
Ylda de Bercy